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Quand la violence de l'orage apporte la paix de l'âme...

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Message  Invité Jeu 10 Juil - 13:36

La solitude... Cette vieille amie dont on ne s'éloigne que pour toujours revenir vers elle... Il y a bien longtemps qu'elle n'avait accompagné mes pas, bien longtemps qu'elle n'avait pas passé de nuit à mes côtés. Cette compagne si spéciale... Elle seule a le pouvoir de rendre chaque séparation agréable et chaque retrouvaille plus amère que les précédentes. Elle s'impose à nous et pose sa main sur notre épaule, nous tirant un sentiment de détresse intérieure toujours plus douloureux. On ne s'habitue jamais à elle, on finit par l'accepter, l'adoucir, mais jamais ce malaise ne disparaît. Je pensais ne plus la revoir, depuis ces jours solitaires, le temps à passé, tout a changé. Des années que je ne m'étais pas retrouvé ainsi, seul... Mon compagnon à quatre pattes est désormais bien loin de moi, mon alter ego intérieur garde le silence depuis plusieurs jours, des semaines même... Celle qui marchait à mes côtés semble avoir disparu depuis plusieurs jours, alors même que je venais de la retrouver. Sans elle il n'y a plus rien, je ne m'en serais jamais rendu compte d'une autre manière. Sans elle, plus rien ne compte. Ni le sang, ni la souffrance, ni la mort n'ont de goût lorsqu'elle n'est pas là. Pas même la chasse, elle que j'appréciais tant... Elle n'a plus cette saveur, les pulsions se sont évaporées avec elle. Je ne suis plus qu'une ombre, une enveloppe vide errant ici ou là.

L'orage s'abat depuis plusieurs heures déjà, toujours aussi violent... Le tonnerre gronde sans repos tandis que les éclairs parcourent le ciel, apportant une lumière éphémère à cette nuit sans lune. Dans les ténèbres les plus profonds je me fraye un chemin au travers des buissons. J'ai tant parcouru cet endroit que la moindre branche est ancrée dans mon esprit, l'instinct et la mémoire me guident vers ma destination, mon sanctuaire. La mémoire... celle qui m'a été rendue si récemment... Les choses finissent de se remettre en place mais il faut du temps, du temps pour revivre les instants oubliés. Et elle n'est pas là... Je suis définitivement seul avec mes pensées, seul avec des souvenirs d'une vie passée que ne pourrais retrouver... que je ne veux retrouver... Elle est tout désormais et rien ne changera cela.

Ce temple, ces ruines, vestiges d'un culte passé, craint et oublié... Je ne suis pas là pour en redorer l'emblème, juste m'y réfugier, y trouver ce que je cherche... La salle centrale... L'étendard en lambeaux, souvenir, relique d'un pays lointain et inconnu... Pourquoi pas ce soir? Sans elle il n'y a pas de raison de rester ici. Elle reviendra bien le moment venu, mais en attendant...

J'effleure cette pierre noire comme les ténèbres qui m'ont accueilli, prononçant son nom. Une chose inutile mais naturelle... Aussitôt le cercle de flammes apparaît, tout comme la première fois. Le vent se met à souffler plus fort au dehors, pénétrant dans la pièce et apportant avec lui la pluie intense qu'il charriait déjà à l'extérieur. Pas de chute cette fois-ci, juste une lumière aveuglante qui m'enveloppe. La chaleur disparaît et j'ouvre les yeux, il m'en aura fallu du temps pour arriver jusque ici. Au moins la pluie est toujours la même ici et là bas. Coïncidence ou pas, peu importe. C'est comme si le ciel avait décider de noyer les terres en cette nuit, de tout horizon qu'elles soient.

Le rugissement des vagues derrière moi, le sable détrempé et la lueur fugace des éclairs qui griffent ce ciel sans étoiles... Tournant le dos à l'océan, je me dirige vers la cité de Tol'Keres. Je prends mon temps, je ne suis pas pressé... Il y a bien longtemps que la pluie me glace le sang, je ne suis plus à quelques litres d'eau près. En quelques minutes, j'en arrive à fouler les pavés de cette ville désertée des vivants. Sous la pluie battante je traverse les rues, je sais parfaitement où je vais bien que ce soit ma première véritable visite en ces lieux. La connaissance de l'endroit est apparue dans mon esprit, certainement un cadeau de sa part.

Tel un fantôme hantant les lieux d'une vie passée qui n'est pas sienne, redécouvrant les endroits qu'il a connu sans vraiment s'en souvenir, je traverse la ville. Ici ou là quelques toits effondrés, des portes disparues, les signes du temps sont bien loin de ce qu'ils devraient être, comme si la cité n'avait été désertée que quelques semaines ou quelques mois plus tôt. Et pourtant il y a bien des centaines d'années qu'il n'y a plus âme qui vive ici, fuyant ce qu'ils appelaient la malédiction... Seule véritable marque du temps passé, la végétation qui par endroits à pris place sur les pierres. Dans les cours intérieures, les arbres ont poussé, défonçant quantité de pavés au passage. Les racines s'étendent jusqu'à la rue, ignorant les murs se dressant sur leur passage et explosant les lourdes dalles de la voie aussi aisément que le fin pavage des cours.

Enfin j'arrive au pied de l'édifice qui s'élève majestueusement vers le ciel, le centre de la cité, son joyau... Passant sous l'arche monumentale, je m'enfonce dans le palais du Roi-guerrier. Traversant les jardins j'observe la végétation luxuriante qui a pris possession des allées qui accueillaient autrefois les promeneurs. Certaines pièces bordant ces oasis de verdure sont elles aussi envahies. Mais je ne m'attarde pas, une autre fois peut être. Pour le moment il faut que j'avance jusque là bas. L'orage redouble de violence, comme pour me faire presser le pas. Passant la porte majestueuse pour me préserver de la fureur des éléments, je pénètre dans le palais.

Plus qu'avant je me fais l'effet d'être un spectre hantant ces lieux autrefois emplis de vie et désormais silencieux comme la mort. Après tout, n'est ce pas elle qui semble m'attirer? Cette sombre sirène qui m'appelle depuis les tréfonds de ce monde... Telle une ombre je traverse les couloirs, les halls et toutes sortes de pièces simplement décorées, une simple torche pour m'éclairer. Le Roi-guerrier n'avait que peu de goût pour le faste et l'éblouissement. Enfin j'arrive à ma destination, la salle du trône... S'il est une salle qui aurait pu contraster avec l'ensemble il s'agit bien de celle-ci mais il n'en est rien. Le long des murs sombres se dressent des tapisseries pourpres portant l'emblème du Griffon d'or sur fond noir. Au fond de la pièce, quelque peu surélevé sur une estrade, se dresse un trône de fer, imposant, entouré de tentures rouge et or tombant du plafond. Aucun embellissement ne vient détourner l'objet de sa vocation première, il pourrait s'agir d'un siège banal s'il n'en imposait pas tant . Sans pour autant être d'une taille démesurée, il attire le regard. L'aura qui s'en dégage est presque hypnotique... Ici régna son champion... Ici il dirigea des peuples en son nom... Une nouvelle fois ces souvenirs appartenant à d'autres s'imposent à moi et je vois le monarque conquérant prendre place sur ce trône. La vision se dissipe presque aussitôt emmenant avec elle sa lumière illusoire. Prenant conscience de l'obscurité m'entourant, j'allume les quelques braseros disposés dans la salle. Plus qu'en aucun autre endroit de la cité, le temps semble véritablement s'être arrêté ici.

Un courant d'air agite les flammes des brasiers, finalement je ne suis pas arrivé... Je me dirige vers le trône et soulève un pan de l'une des tentures, dévoilant ainsi un escalier circulaire ténébreux. Torche à la main, j'emprunte ce chemin grimpant vers les hauteurs, la main traînant sur les pierres froides de la paroi. Le courant d'air est devenu brise et ne cesse de s'intensifier. Le bruit de l'orage que j'avais laissé derrière moi en pénétrant dans le palais empli de nouveau mes oreilles. L'odeur de l'océan me parvient, portée par le vent. Émergeant de la succession de marches, je me retrouve au sommet de la plus haute des tours du palais, pointant telle une flèche vers le ciel. La vision qui s'offre à moi est des plus renversante. Protégé de la pluie par un toit, dressé sur cette espèce de terrasse surélevée à l'extrême malgré un vent violent qui semble chercher à m'emporter, je reste stupéfait. J'observe la ville en proie au déchaînement de la tempête, des éclairs apportant une fugace lumière en divers endroits. Tout n'est que furie...




Voilà des heures que je suis assis en haut de cette tour, l'orage s'est calmé pour laisser place entièrement aux ténèbres nocturnes qui eux même commenceront à lâcher prise bientôt... Le cycle éternel. Ce temps passé ici, isolé de tout tel un naufragé au milieu d'un tempête m'a permis de réfléchir, de plonger dans mes souvenirs, qu'ils viennent de mon propre passé ou de celui d'un autre. Les pièces se sont remises en place quant à ce qui était retenu dans les méandres de mon esprit, il n'y a plus de blanc, plus de taches obscures. J'ai également compris pourquoi il avait agit comme ça, lui qui habite cette armure. Pourquoi il avait mis tant d'énergie à me cacher mon passé pour me pousser à une nouvelle vie... Après tout il ne fut qu'un homme, au-dessus des autres mais un homme tout de même. Et elle ne fut qu'une femme en un sens... Certains appellent ses semblables esprits, anges, démons... Mais parce qu'elle fut aimée d'un conquérant qui régna sur un empire, elle est devenue déesse... Par son existence sur un plan autre que le notre, par ses pouvoirs, elle fut adorée et érigée en idole. Symbole de tout un peuple, d'une civilisation, d'un mode de vie, elle en est arrivée à être haït par les ennemis du Roi-guerrier jusqu'à être considérée comme l'instigatrice de ce qu'ils considéraient comme des atrocités. Juste pour avoir été aimée d'un homme qui tuait en leur nom à tous deux. Pour apaiser leur soif à tous deux... Parce qu'ils refusèrent de voir qu'une telle soif était humaine, il en ont fait un aspect démoniaque.

Et les choses se répètent encore maintenant. Parce qu'ils refusent de voir ce que nous sommes devenus comme une réaction naturelle à ce que nous avons vécu, ils nous disent possédés... Parce qu'ils combattent encore pour des raisons bancales, ils ne comprennent pas nos propres raisons... Oui nous avons soif, mais cette soif est bel et bien humaine. Née du sang pour répandre le sang, parce que nous avons trop pataugé dedans pour le quitter. Parce que la mort est devenue notre compagne, notre guide, notre plus proche ennemi... Parce que nous sommes ce que nous sommes, le sang coulera encore. Parce qu'ils ont fait de nous ce que nous sommes, ils baigneront dans leur propre sang. Et parce qu'il n'y a là dessous nulle affaire de possession par un quelconque démon, ils ne pourront nous arrêter que d'une seule manière.

Me tenant à la rambarde, appréciant la caresse de la brise, je me dresse là, face à l'océan. Attendant que les premiers rayons de soleil apparaissent à l'horizon. Une présence, une aura de puissance et de volonté. Il se dresse là à mes côtés, spectre majestueux, le Roi-guerrier, Braz'Lian. Son regard me transperce, ses yeux bleus sont si intenses, même dans cet état fantomatique... Tout est tellement clair désormais. La même soif nous anime, cette soif de sang, ce désir du combat, la dépendance à l'adrénaline d'une lutte perdue d'avance... Nous sommes bien loin de simples bouchers, c'est le plaisir qui nous guide et à ce titre nous élevons nos manières jusqu'à une certaine sorte d'art.

Le soleil se lève enfin, les premiers rayons embrasant l'océan à l'horizon. En cet instant particulier qu'est l'aurore le spectacle qui s'offre à moi m'ébahit. Sous mes yeux, dans la ville désertée apparaît une multitude de spectres. Tant et tant... En cet endroit maudit oublié de tous, coupé du temps, la vie reprend durant quelques secondes en ce plan. Comme si rien n'était arrivé, la mort a relâché son étreinte sur ce peuple. L'esprit à mes côtés me corrige. La mort leur a ouvert grand ses bras et ils ont été amenés ici, par leur déesse aux cheveux de feu. Les rayons du soleil atteignent la ville et aussitôt les spectres disparaissent. Un dernier regard et le champion me quitte également, me laissant seul dans la grande cité. Mais tout est limpide, il n'y a plus de peur, plus de doutes...

Le flot de sang recouvrira les terres, vos corps sans vie baigneront dedans et l'esprit de la grande Añav'Drun se repaîtra du carnage. Car elle nous guide, elle nous a accepté alors que nous avions tourné le dos à votre pitoyable morale et à vos limites soi-disant civilisées. Vous pourrez toujours tenter de nous stopper, nous reviendrons, car la soif du combat, la soif de sang et de souffrance est ce qui nous anime. Nous reviendrons sans peur ni doutes, jusqu'à ce que nous ne le puissions plus. Car à la fin c'est ici qui nous trouverons la paix définitive, en la cité des spectres de Tol'Keres.

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