Résurgence
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
SAMSUNG Galaxy A14 5G Noir 64 Go à 98,49€
Voir le deal
96.99 €

Les chaînes de la folie.

Aller en bas

Les chaînes de la folie. Empty Les chaînes de la folie.

Message  Invité Ven 12 Déc - 1:43

Tout change. Rien n’est immuable. Nous changeons, notre monde, nos sentiments, nos croyances, tout. De cet empire prospère ne subsiste plus qu’un modeste royaume, en proie à une guerre civile qui dure depuis déjà dix ans. Mais même cette guerre prendra fin, bien que pour nous qui en sommes les acteurs, elle paraisse interminable. Oui, cette guerre prendra fin, que ce soit par manque d’envie, découragement, prise de conscience,… ou bien plutôt par manque de combattants prêts à sacrifier leur vie les yeux fermés. Rien n’est éternel. C’est la seule constante de la vie, celle qui permet au pauvre d’espérer à des jours meilleurs, qui permet aux parents de rêver au meilleur pour leur progéniture… et pourtant, pourtant malgré tout il est des choses qui jamais ne changent. Oh oui. Elle se dresse toujours contre vents et marées, elle a traversé les conflits comme les épidémies et les famines, sans jamais rien concéder de sa puissance. Car elle ne reconnaît nulle autorité, car elle a toujours su protéger son indépendance, se gardant bien d’afficher la moindre tendance politique, fidèle garante de l’ordre et de la loi.


Fangelice, la noire.
Fangelice, la mille fois maudite.


Plus forteresse que prison, un véritable enfer pour ceux qui y sont déportés, sur ce petit bout de terre perdu dans l’océan, loin au large des côtes. Qui n’a jamais entendu d’histoire sur ce lieu abandonné par les dieux ? Voleurs, violeurs, assassins, opposants, gêneurs, traitres, déserteurs, objecteurs de conscience, et combien d’autres encore ? Voilà sa population, maintenue au pas par ses impitoyables gardes, à l’aide d’humiliations, de tortures physiques et psychologiques, de privations,… Ceux qui en ressortent, en ressortent brisés, n’étant plus que l’ombre de ce qu’ils furent. Pour ceux qui en ressortent. Car de ce lieu personne ne s’évade, à part par la mort, la clémence ou, pour les chanceux, la fin de leur peine. Ici pour sortir il n’y a que la porte et la fumée qui monte des bûchers. Pas de tombe marquée pour les réprouvés. Pour les autres, les vivants, ils n’aspirent plus qu’à une chose, le silence. Le silence qui a fuit les couloirs de cette prison, eux qui résonnent des cris, des pleurs et des hurlements de ces pauvres hères. Mais de ce lieux rien ne transparait, car de ses murs épais, battus par les vents, nul souffle ne passe, vous auriez beau jeu de tendre l’oreille. Une fois les portes franchies, en revanche, vous voilà sur une nouvelle contrée. Des couloirs sans fin, labyrinthiques, sombres et suintants d’humidité. Il y règne une température glaciale, que cette humidité aggrave, et ce ne sont pas les habits ou les couvertures miteuses, pas plus que le misérable bouillon froid qui vous aide à tenir. Quand vous avez la chance d’avoir un tel luxe. Pour toute compagnie, le noir, les rats et les cris, sur fond du pas lourd et du claquement des portes, parfois. Quand c’est votre porte qui s’ouvre, certains préfèrent défaillir, beaucoup pleurent et supplient, mais rien n’émeut les gardiens, certains s’esclaffent, d’autres frappent, vous ne resterez pas inconscient s’ils ne l’ont pas décidés … hommes ou femmes, vieux ou jeunes, ici de toute façon, vous n’avez plus rien d’humain, vous n’êtes plus qu’une chose, une bête que l’on dresse, un prisonnier anonyme dont la seule mention est une ligne dans un registre poussiéreux. Quand la porte s’ouvre, oui quand elle s’ouvre, ce n’est jamais bon pour vous. Ebloui,
aveuglé par la lumière qui vous vrille les nerfs, les coups, les cris, ne sont qu’un prélude. Si vous avez de la chance, ce n’est que votre exécution, sinon … eh bien c’est que vous avez l’insigne et douteux honneur d’avoir hérité d’une invitation chez le personnage le plus craint et le plus haït du cru, le maître des réjouissances en personne, le bourreau. Et les dieux en soient témoins que j’ai entendu d’horribles cris auparavant, mais ceux là … ceux là sont inhumains. Au final quand une porte claque, voilà le seul moment de calme, celui qu’on en vient tous à attendre en espérant que ce ne soit pas pour nous, pour mettre à profit ce court répit, avant que ne reprenne les cris avec une nouvelle ardeur.


Voilà Fangelice.


Voilà en tous cas tout ce que j’en ai appris. Je vous fais rire ? Sourire peut être ? Mais tout ceci est si... réel. Je renifle en me détournant de la guérite, close, et vais m'assoir, pitoyable sur la paille moisie et infestée par la vermine, les jambes ramenées contre moi en cherchant la moindre parcelle de chaleur que je puisse trouver. Combien de temps depuis que je suis là ? Bien trop à mon goût et impossible à dire. Peut être sept claquements de porte, pour ce que cela vaut de toute façon … J’ai mal aux seins, le trop plein de lait les gonflent, les crevassant, même le contact de la tunique râpeuse qui me sert de loque me fait frémir. Le voyage avec Niniel me semble tout d’un coup bien moins pénible dans mes souvenirs. Au moins avais-je pu sombrer dans les délices de l’inconscience. Mais pas ici, pas dans cet endroit. J’essuie la morve qui coule de mon nez du revers de la main. Je veux mon bébé. Mon bébé qu’on m’a arraché, je veux ma fille, ma Neiria. Où est-elle ? Mon petit ange ? Je me remets à pleurer, hoquetant plus qu’autre chose, n’ayant plus de larmes à verser. Confusément je sens qu’on passe par la guérite un bol, ce doit être ça vu qu’on n’a pas ouvert ma porte. De toute façon quelle importance, je n’ai plus rien à quoi me raccrocher. Alors qu’est ce qui me pousse à me lever pour attraper ce qu’on ne peut qu’appeler nourriture et à manger l’infâme brouet ? Peut être l’espoir complètement fou de sortir d’ici un jour et de récupérer ma fille. Je laisse tomber le bol par terre, trahie par mes propres mains. Je n’ose pas m’imaginer, je dois faire peur à voir, crasseuse, blafarde, les cheveux sales et emmêlés. Non je divague, je ne dois pas être ici depuis si longtemps, si ? Il faut que j’arrête de psychoter ainsi. Mais il fait si noir, si froid … A tâtons je longe le mur sans faire attention à sa texture répugnante et m’écroule dans un coin. Je suis tellement fatiguée. Juste poser la tête contre un mur et me reposer un peu, simplement souffler … juste un instant …


… Une légère brise vient caresser mon visage, atténuant la douce chaleur du soleil sur ma peau, gonflant les pans de mon manteau. Un joyeux gazouillis tire mon regard vers la petite fille dans mes bras. Je lui souris joyeusement, raffermissant ma prise en la rehaussant dans mes bras pour venir la cajoler, déclenchant quelques rires de sa part. Ma petite Neiria. Dans la rue, certains se retournent dans notre direction, parfois réprobateurs, quelques fois envieux, d’autres de la compassion pour cette fille-mère, certains plus rares nous sourient. Un nuage passe voilant le soleil et …


… je me réveille en sursaut, ravalant un cri en chassant les rats. Je suis abattue, un instant j’avais cru … mais non tout cela est bien réel. Il faut que je sorte d’ici. Il le faut ! Je ne suis pas faite pour être enfermée … Plus que tout c’est ça je crois qui finira par me rendre folle. Je ravale péniblement un gémissement de douleur. Déesse, que j’ai mal ! Il faut que je tienne le coup encore un peu, ils vont bien finir par venir me chercher, ils ont bien du remarquer mon absence maintenant, non ? Oui, ils sont sûrement déjà en chemin pour venir me ramener à la maison, avec Neiria.


« Que tu crois … »

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Les chaînes de la folie. Empty Re: Les chaînes de la folie.

Message  Invité Lun 19 Jan - 21:50

Je me retourne, mon bébé dans les bras, un mince sourire sur les lèvres. Qu’ils sont loin ces mois ternes passés à pleurer ma solitude et mon chagrin. J’ai maintenant une nouvelle raison de me battre, j’ai trouvée un sens à une vie faite d’échanges rapides et sanglants, qui ne se résolvent que trop souvent dans l’obscurité et dans les ombres de ces combats insensés. Bientôt peut être pourrais-je rentrer chez moi, mon pays, contraste de landes rases et de jungles inextricables, me manque, sa beauté sauvage, si différente de ces contrées ci. Peut être un jour, mais pas pour le moment, il y à encore fort à faire ici. Notamment apportés à ces lieux la résurgence qu’ils méritent. Un vagissement se fait entendre, vite emporter par la brise qui balaye les quais du port. Je resserre la couverture autour de ma petite, la berçant doucement pour qu’elle s’apaise et cesse ses pleurs.

C’est à ce moment là qu’ils sortirent de l’ombre des ruelles, magnifiques et terribles tout à la fois, ces hommes bardés d’acier, aux visages masqués par leur casques aurait fait frissonner n’importe qui … surtout s’ils se mettent à tous converger vers vous sans qu’aucun ordre n’ait fusé en apparence. Je me recule, cherchant des yeux une issue sans en voir. Plonger ? Seule je l’aurais fait mais l’eau est trop froide pour Neiria, elle n’y résisterait pas. Non plus que combattre, pas autant de monde en terrain dégagé, encore moins avec un bébé dans les bras. Résignée, je reste sur place sur mes gardes, laissant la troupe se rapprocher pour finir par m’encercler totalement. Je les foudroie du regard, sans rien rencontrer en retour, alors que monte ma colère je finis par exploser.

« De quel droit osez-vous… ?

Damoiselle Catelyn, je suppose ? »

Je me retourne juste assez vite pour voir une jeune femme franchir l’anneau d’acier qui m’enserre. Brune, légèrement plus grande que moi, la peau tannée par la vie au grand air. Une femme avec une voix profonde et froide tout à la fois, qui sonne comme une menace. Et ses yeux ! Bleus, comme la glace, ses yeux qui me transperce, comme les siens me faisait fondre, abaissant mes plus hautes barrières. Les mêmes yeux que ceux de ma fille. Je me recule d’un pas instinctivement sur la défensive, je serre un peu plus Neiria contre moi. Qui diable est cette femme ?

« On s’connaît ?

J’ai bien peur que non, à la vérité je n’ai que faire de vous… si ce n’était mon frère. »

Le ton de la voix m’interpelle alors, son frère. Un ton dédaigneux, plein de rancœur mais aussi d’amour mêlé sans que l’on parvienne à savoir lequel de ces deux sentiments prédomine… mon frère. Et ses yeux si bleus… Impossible ! Et pourtant… une sœur ? Aku n’en avait jamais fait mention, comment diable est-ce possible ?

« Sirendor avait pour vous deux décidé que cet… incident regrettable que vous représentée et les conséquences que votre enfant représente ne soient plus qu’un mauvais souvenir… Mais tout cela, ma chère, n’est qu’histoire ancienne. Non en effet à la vérité, il s’est décidé à réclamé sa fille, ma nièce sera traitée en véritable reine… Après tout même bâtarde nous parlons de la seule héritière connue des Larn, en revanche…

Vous êtes folle, vous êtes tous fous ! Comment pouvez-vous croire que je vous laisserais ma fille ?

Je m’y attendais. En revanche disais-je, vous finirez vos jours à Fangelice pour avoir kidnappé la fille de mon frère. Saisissez vous d’elle et amenez-moi le bébé ! »

Aussitôt le cercle d’homme se jetât sur nous, avec un hurlement de rage je saisis mon sabre par la poignée, mais ils furent plus rapides, m’arrachant ma fille des bras et me projetant au sol sans avoir pu faire le moindre geste. Je tentais de me relever, juste à temps pour intercepter un coup de pieds dans le ventre qui me laissa le souffle coupé, incapable d’articuler un cri de douleur et d’impuissance mêlée. Ma fille ! Ma Neiria ! La dernière vision que je pu voir fut celle de cette femme emportant ma fille en pleurs dans ses bras, avant de recevoir une pluie de coup qui me laissa assommée.


Je me réveille avec un cri de désespoir, attrapant ma Neiria pour la serrer tout contre moi, ma puce, ma fille. J’ai eu tellement, tellement peur. Oh mon cœur, pardon, pardon… Et je reste là prostrée contre le mur sale, à bercer ma fille, mon bébé dans mes bras, tout contre moi en pleurant, ma fille… ma… Je viens de baisser mes yeux vers le rat qui couine en se débattant au creux de mes bras, affolé. Soudain à cette vue quelque chose s’effondre en moi. Et je me mets à hurler, hurler en attrapant le rat dans mes mains, « Tu n’es pas ma fille ! Tu n’es pas ma fille ! », Le rongeur s’affole de plus en plus alors que tout à mon désespoir et à la folie qui commence à m’emporter je resserre ma poigne. Ses couinements m’insupportent, tu n’es pas ma fille sale rat ! Tu ne l’es pas ! J’éclate en sanglot, attrapant la tête du rat avec les dents je tire d’un coup sec pour la lui arracher la recrachant à l’autre bout de la pièce et je martèle le mur avec le corps mutilé de l’animal, toujours à rugir mes imprécations à son encontre. Il m’a volé ma fille ! Il me l’a volé ! La porte bat à la volée alors que les gardiens se précipitent dans la pièce pour me faire relâcher la pulpe sanguinolente que je continue à marteler contre le mur. Les coups une nouvelle fois se remettent à pleuvoir sans qu’ils ne m’atteignent, hors d’atteinte dans mon désespoir fou. Je sens qu’on me tire en arrière, qu’on me ceinture en me soulevant du sol, je griffe en crachant ma haine à ces formes invisibles qui m’empêche d’atteindre ma fille, sans arriver à les atteindre. Je sens que la prise se relâche légèrement, juste assez pour que je parvienne à me dévisser et mordre une oreille, sourde au beuglement de douleur de l’homme qui à commis la maladresse de s’en prendre à moi, je sens d’un coup que mon corps s’envol, alors que ma bouche s’emplie d’un liquide chaud, au goût métallique. Puis je ressens l’impact contre le mur, la douleur qui irradie par-dessus cette vague de folie, me foudroyant nette, j’entends à peine les pas durs qui claquent au sol, un homme qui hurle à la mort de cette garce qui lui à arrachée l’oreille, je ramène ma main ensanglantée contre moi en gémissant, avant de recevoir un dernier coup de pieds dans le ventre et d’entendre la porte claqué en sourdine et les cris s’éloigner.

« Tu sera à moi, bientôt… Très bientôt…»

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser