Eveil
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Eveil
Enfin tu ouvres les yeux? Il était temps...
Allongé sur un lit assez dur, l'homme entend à peine la voix qui lui parvient, un grondement sourd dans ses oreilles l'empêchant de saisir parfaitement les paroles prononcées. Il bat des paupières pour s'habituer à la lumière ambiante, pourtant loin d'être éblouissante mais c'est comme s'il sortait des ténèbres les plus obscures pour se retrouver en plein jour, le genre de journée sans nuages où le soleil ne laisse qu'une infime part d'ombre sur son passage. Il tourne la tête sur le côté pour voir la personne qui lui parle et ce mouvement lui arrache une douleur atroce, comme si les tissus de sa gorge se déchiraient sous cet effort pourtant minime et banal. Un cri monte en lui mais il ne peut desserrer les lèvres. Son regard se pose sur l'homme assis à côté du lit. Les boucles de ses cheveux retombent légèrement sur son visage au teint grisâtre, défiguré par de nombreuses balafres et serti de deux joyaux écarlates en guise d'yeux. Il avait déjà vu cet homme, seulement il ne se souvenait plus où ni quand...
Evite de bouger, ça fait une semaine que l'on t'a retrouvé dans un bien sale état et malgré une amélioration stupéfiante, tes blessures sont toujours assez moches sous les bandages.
Il arborait un léger sourire.
Je doute avoir besoin de me présenter. Après tout on a implanté en toi la mémoire de cet ami qui nous est si cher. Ou du moins qui m'est cher, j'ignore en quels termes vous êtes à l'heure actuelle, si ça se trouve, tu souhaites plus que tout le voir mort mais j'en doute fort...
Mais faisons tout de même preuve d'un semblant de savoir-vivre, de plus tu dois être dans un certain état de flou, cela ne fera pas de mal... Je me nomme Zer'Kal, je suis le shaman de la tribu de notre empereur Braz'Lian, je suis celui qui a ouvert la porte du second cercle des enfers à notre Déesse bien-aimée afin qu'elle parcourt librement ces terres. Je suis également celui qui s'est occupé de tes blessures depuis que tu es arrivé ici. Au cas où tu te demanderais où tu es... Je te souhaite la bienvenue dans la cité obscure d'Ahb Kazas.
La douleur étant trop intense, le blessé replace sa tête dans sa position initiale, dans un nouvel accès de douleur. Il arrive cette fois-ci à ouvrir la bouche mais aucun son ne s'en échappe. Fermant les yeux, il se concentre sur la voix de Zer'Kal, le bourdonnement dans ses oreilles disparaissant peu à peu.
Tu risques d'avoir du mal à parler, ta gorge a été salement touchée. Mais comme je te l'ai dit, tu as eu droit à des soins autres que les miens, de loin plus efficaces car d'une nature autre que humaine, qui te permettront surement de retrouver tes capacités sous peu. D'ici là, repose toi autant que possible. Et lorsque tu auras retrouvé l'usage de la parole, tu pourras peut être m'expliquer comment tu es arrivé ici, si loin de Tol'Keres. Et en attendant plutôt que de te forcer à rechercher des détails sur ma personne dans ta mémoire, je vais te raconter qui je suis...
Depuis notre naissance, le destin de Braz'Lian et le mien sont étroitement liés. Nous avons vu le jour à quelques heures d'écart à peine, Lian me précédant. Nos familles ayant toujours été très proches, nous avons grandi ensemble, développant une relation fraternelle malgré l'absence de lien par le sang. J'étais à ses côtés lorsque, à peine âgé de cinq ans, il vit son père se faire tuer lors d'un duel pour la place de chef de tribu. Lian et sa mère furent rejetés par le nouveau guide, presque exilés, mais les fidèles du père de Lian se regroupèrent autour d'eux, mes parents les premiers. Cela ne fit qu'accroître notre fraternité. Jour après jour, je vis la colère monter en lui à chaque fois qu'il voyait celui qui lui avait pris son père, malgré que le duel fut tout ce qu'il y a de plus loyal. Jour après jour je sentais sa détermination se renforcer. Il reprendrait la place de son père, il me le jura, autant qu'il se le jura à lui-même. Pour cela il décida de s'entraîner sans relâche pour devenir le plus grand guerrier que la tribu ait jamais connu, pour que jamais ses enfants ne voit leur père mourir comme il vit mourir le sien. Pour ma part, je décidais d'être son ombre, le pilier sur lequel il se reposerait. Afin d'atteindre cet objectif je commençais mon apprentissage auprès du shaman de la tribu et développait un véritable talent pour les pratiques rituelles ancestrales. Lorsque Lian prendrait la place qui devait être sienne, avec moi à ses côtés, nous voulions former la plus grande tribu de ces plaines qui nous servaient d'habitat, défiant les chefs d'autres tribus... Ce qui n'était avant qu'un rêve de gosse devint l'ambition de deux jeunes gens déterminés.
Mon maître m'avait mis en garde contre les conséquences d'une invocation hasardeuse ou trop téméraire. Le risque de libérer un démon trop fort pour moi était grand mais tout comme Lian affûtait son corps, j'affûtais mon esprit. Pour que mon frère devienne invincible, nous avions conçu le projet absurde de nous allier à un démon qui nous obéirait au doigt et à l'oeil, mais pas un de ces démons inférieurs que n'importe quel shaman pouvait plier à sa volonté. Non... Nous voulions établir notre domination sur un démon majeur, une entité provenant de l'un des trois premiers cercles des enfers. Les capacités physiques de Lian, alliées à la puissance de ce démon ferait de lui un combattant qui surpasserait tout. Lorsque nous fûmes prêts tout les deux, nous nous retirâmes quelque peu de la tribu pour mettre en oeuvre notre projet.
Je crois n'avoir jamais ressenti pareille excitation, notre grand jour était arrivé. Ou plutôt notre grande nuit. Jamais je n'oublierais ce ciel sans nuage, les étoiles brillaient comme jamais, la lune nous baignait de ses rayons. Nous étions tous deux assis devant le grand feu, je commençais alors mon incantation. J'ignore toujours si c'est par ma volonté ou celle de l'entité que nous rencontrâmes alors que la porte du second cercle s'ouvrit sur ce monde. Peut être est-ce l'effet cumulé des deux... Elle était magnifique, irrésistible... Et elle rayonnait de puissance. Je compris de suite que jamais je ne pourrais la contrôler, et sur le moment, je m'en fichais. J'avais réussi, j'étais parvenu à invoquer un démon du second cercle des enfers, un être aussi beau que puissant...Lian était encore plus subjugué que moi, sans hésitation il s'offrit à cet être d'un autre plan que le notre qui l'accepta immédiatement. C'était comme si ces deux là existaient pour se rencontrer...
Le lendemain nous retournions auprès de notre tribu, accompagné par le démon qui avait pris forme humaine. Elle était toujours aussi belle... Lian défia le chef et sans aucun problème, il lui ôta la vie, gagnant son titre. Mais ce n'était que la première étape de notre ascension... Par la suite, de nombreux autres combats eurent lieu et Lian étendit son emprise sur les plaines jusqu'à former son empire sous la bannière du griffon. Le démon était devenu déesse et épouse de mon frère, sans que cela ne nous pose le moindre soucis, après tout, c'était désormais une femme et jamais Lian n'aurait pu en aimer une autre. Nous étions et sommes toujours les seuls à connaître le secret de sa véritable identité.
Seulement l'émergence d'une telle puissance a fait peur à d'autres peuples qui ont levé les armes pour démanteler ce qu'ils voient comme impur. C'est pourquoi je suis ici, sous cette montagne, dans cette cité d'Ahb Kazas. Car c'est ici que se dresse le plus virulent ennemi que nous ayons, le royaume de Filenas. Au nom de leur dieu unique, ils se sont mis en tête d'éradiquer toute trace de notre Déesse, à commencer par le peuple des Kazians, qui adorent à la fois Añav'Drun et Lor'Satk, le démon jaguar. C'est pour les soutenir dans la lutte que je suis venu ici, ils sont parmi les plus féroces combattants que compte notre empire et ils sacrifieront leurs vies sans hésitation pour empêcher l'ennemi de passer la jungle d'Ahb Leras qui entoure cette montagne où a été érigée cette cité. Mais nous aimerions tous ne pas avoir à en arriver à cette extrémité...
Allongé sur un lit assez dur, l'homme entend à peine la voix qui lui parvient, un grondement sourd dans ses oreilles l'empêchant de saisir parfaitement les paroles prononcées. Il bat des paupières pour s'habituer à la lumière ambiante, pourtant loin d'être éblouissante mais c'est comme s'il sortait des ténèbres les plus obscures pour se retrouver en plein jour, le genre de journée sans nuages où le soleil ne laisse qu'une infime part d'ombre sur son passage. Il tourne la tête sur le côté pour voir la personne qui lui parle et ce mouvement lui arrache une douleur atroce, comme si les tissus de sa gorge se déchiraient sous cet effort pourtant minime et banal. Un cri monte en lui mais il ne peut desserrer les lèvres. Son regard se pose sur l'homme assis à côté du lit. Les boucles de ses cheveux retombent légèrement sur son visage au teint grisâtre, défiguré par de nombreuses balafres et serti de deux joyaux écarlates en guise d'yeux. Il avait déjà vu cet homme, seulement il ne se souvenait plus où ni quand...
Evite de bouger, ça fait une semaine que l'on t'a retrouvé dans un bien sale état et malgré une amélioration stupéfiante, tes blessures sont toujours assez moches sous les bandages.
Il arborait un léger sourire.
Je doute avoir besoin de me présenter. Après tout on a implanté en toi la mémoire de cet ami qui nous est si cher. Ou du moins qui m'est cher, j'ignore en quels termes vous êtes à l'heure actuelle, si ça se trouve, tu souhaites plus que tout le voir mort mais j'en doute fort...
Mais faisons tout de même preuve d'un semblant de savoir-vivre, de plus tu dois être dans un certain état de flou, cela ne fera pas de mal... Je me nomme Zer'Kal, je suis le shaman de la tribu de notre empereur Braz'Lian, je suis celui qui a ouvert la porte du second cercle des enfers à notre Déesse bien-aimée afin qu'elle parcourt librement ces terres. Je suis également celui qui s'est occupé de tes blessures depuis que tu es arrivé ici. Au cas où tu te demanderais où tu es... Je te souhaite la bienvenue dans la cité obscure d'Ahb Kazas.
La douleur étant trop intense, le blessé replace sa tête dans sa position initiale, dans un nouvel accès de douleur. Il arrive cette fois-ci à ouvrir la bouche mais aucun son ne s'en échappe. Fermant les yeux, il se concentre sur la voix de Zer'Kal, le bourdonnement dans ses oreilles disparaissant peu à peu.
Tu risques d'avoir du mal à parler, ta gorge a été salement touchée. Mais comme je te l'ai dit, tu as eu droit à des soins autres que les miens, de loin plus efficaces car d'une nature autre que humaine, qui te permettront surement de retrouver tes capacités sous peu. D'ici là, repose toi autant que possible. Et lorsque tu auras retrouvé l'usage de la parole, tu pourras peut être m'expliquer comment tu es arrivé ici, si loin de Tol'Keres. Et en attendant plutôt que de te forcer à rechercher des détails sur ma personne dans ta mémoire, je vais te raconter qui je suis...
Depuis notre naissance, le destin de Braz'Lian et le mien sont étroitement liés. Nous avons vu le jour à quelques heures d'écart à peine, Lian me précédant. Nos familles ayant toujours été très proches, nous avons grandi ensemble, développant une relation fraternelle malgré l'absence de lien par le sang. J'étais à ses côtés lorsque, à peine âgé de cinq ans, il vit son père se faire tuer lors d'un duel pour la place de chef de tribu. Lian et sa mère furent rejetés par le nouveau guide, presque exilés, mais les fidèles du père de Lian se regroupèrent autour d'eux, mes parents les premiers. Cela ne fit qu'accroître notre fraternité. Jour après jour, je vis la colère monter en lui à chaque fois qu'il voyait celui qui lui avait pris son père, malgré que le duel fut tout ce qu'il y a de plus loyal. Jour après jour je sentais sa détermination se renforcer. Il reprendrait la place de son père, il me le jura, autant qu'il se le jura à lui-même. Pour cela il décida de s'entraîner sans relâche pour devenir le plus grand guerrier que la tribu ait jamais connu, pour que jamais ses enfants ne voit leur père mourir comme il vit mourir le sien. Pour ma part, je décidais d'être son ombre, le pilier sur lequel il se reposerait. Afin d'atteindre cet objectif je commençais mon apprentissage auprès du shaman de la tribu et développait un véritable talent pour les pratiques rituelles ancestrales. Lorsque Lian prendrait la place qui devait être sienne, avec moi à ses côtés, nous voulions former la plus grande tribu de ces plaines qui nous servaient d'habitat, défiant les chefs d'autres tribus... Ce qui n'était avant qu'un rêve de gosse devint l'ambition de deux jeunes gens déterminés.
Mon maître m'avait mis en garde contre les conséquences d'une invocation hasardeuse ou trop téméraire. Le risque de libérer un démon trop fort pour moi était grand mais tout comme Lian affûtait son corps, j'affûtais mon esprit. Pour que mon frère devienne invincible, nous avions conçu le projet absurde de nous allier à un démon qui nous obéirait au doigt et à l'oeil, mais pas un de ces démons inférieurs que n'importe quel shaman pouvait plier à sa volonté. Non... Nous voulions établir notre domination sur un démon majeur, une entité provenant de l'un des trois premiers cercles des enfers. Les capacités physiques de Lian, alliées à la puissance de ce démon ferait de lui un combattant qui surpasserait tout. Lorsque nous fûmes prêts tout les deux, nous nous retirâmes quelque peu de la tribu pour mettre en oeuvre notre projet.
Je crois n'avoir jamais ressenti pareille excitation, notre grand jour était arrivé. Ou plutôt notre grande nuit. Jamais je n'oublierais ce ciel sans nuage, les étoiles brillaient comme jamais, la lune nous baignait de ses rayons. Nous étions tous deux assis devant le grand feu, je commençais alors mon incantation. J'ignore toujours si c'est par ma volonté ou celle de l'entité que nous rencontrâmes alors que la porte du second cercle s'ouvrit sur ce monde. Peut être est-ce l'effet cumulé des deux... Elle était magnifique, irrésistible... Et elle rayonnait de puissance. Je compris de suite que jamais je ne pourrais la contrôler, et sur le moment, je m'en fichais. J'avais réussi, j'étais parvenu à invoquer un démon du second cercle des enfers, un être aussi beau que puissant...Lian était encore plus subjugué que moi, sans hésitation il s'offrit à cet être d'un autre plan que le notre qui l'accepta immédiatement. C'était comme si ces deux là existaient pour se rencontrer...
Le lendemain nous retournions auprès de notre tribu, accompagné par le démon qui avait pris forme humaine. Elle était toujours aussi belle... Lian défia le chef et sans aucun problème, il lui ôta la vie, gagnant son titre. Mais ce n'était que la première étape de notre ascension... Par la suite, de nombreux autres combats eurent lieu et Lian étendit son emprise sur les plaines jusqu'à former son empire sous la bannière du griffon. Le démon était devenu déesse et épouse de mon frère, sans que cela ne nous pose le moindre soucis, après tout, c'était désormais une femme et jamais Lian n'aurait pu en aimer une autre. Nous étions et sommes toujours les seuls à connaître le secret de sa véritable identité.
Seulement l'émergence d'une telle puissance a fait peur à d'autres peuples qui ont levé les armes pour démanteler ce qu'ils voient comme impur. C'est pourquoi je suis ici, sous cette montagne, dans cette cité d'Ahb Kazas. Car c'est ici que se dresse le plus virulent ennemi que nous ayons, le royaume de Filenas. Au nom de leur dieu unique, ils se sont mis en tête d'éradiquer toute trace de notre Déesse, à commencer par le peuple des Kazians, qui adorent à la fois Añav'Drun et Lor'Satk, le démon jaguar. C'est pour les soutenir dans la lutte que je suis venu ici, ils sont parmi les plus féroces combattants que compte notre empire et ils sacrifieront leurs vies sans hésitation pour empêcher l'ennemi de passer la jungle d'Ahb Leras qui entoure cette montagne où a été érigée cette cité. Mais nous aimerions tous ne pas avoir à en arriver à cette extrémité...
Invité- Invité
Re: Eveil
Grâce au court récit de Zer'Kal, le blessé parvient à remettre les pièces plus ou moins en ordre dans son esprit. Peu après, il sombre dans un sommeil agité. Sa mémoire lui joue une nouvelle fois des tours et il se retrouve à revivre les circonstances de son arrivée ici... L'oubli ne dure qu'un temps et un nouveau voyage onirique dans le passé lui tend les bras, après tant de temps depuis les précédents...
Tol'Keres... Leur chambre située dans l'aile royale... Au retour d'une promenade nocturne en solitaire sur la plage pour profiter de la plage silencieuse et déserte dans les ténèbres de la nuit il revit la découverte du corps de celle qu'il aime, couché dans les draps maculés de sang, tenant tendrement dans ses bras, serré contre elle, le fruit de leur amour qui venait de voir le jour. Mais quelque chose n'allait pas, il n'y avait qu'une seule respiration provenant de ces deux corps, qu'un seul coeur battant la cadence... Un coeur de nouveau-né... Un frisson parcourut son corps, une sensation douloureuse, un froid de mort qui le traversa de part en part. Il s'approcha de ce corps tant aimé, l'effleura du bout de ses doigts tétanisés par la terreur qui s'amplifie en lui. Son visage était si glacial, sa poitrine normalement si pleine de vie restait immobile... Toute chaleur avait quitté cet être qui était tout pour lui. Puis son attention se porta sur cette nouvelle vie qui venait d'apparaître, sur ce corps si petit, si fragile, contrastant si douloureusement avec le corps sans vie qui le maintenait. Sa main se porta vers elle, sa fille, leur fille, le plus solide des liens qui aurait pu les unir... Mais qui au final venait de causer leur séparation...
Une légère brise pénétra par la fenêtre ouverte et alors il parvint à mettre ses idées au clair, le temps d'un très court instant. Elle serait choyée ici, il le savait. Leur reine ne laisserait pas son héritage disparaître sans rien faire, aussi elle veillerait sans cesse sur cette enfant. Mais pour lui il n'y avait plus qu'une seule issue, un seul moyen d'échapper à la folie qui déjà frappait à la porte de son esprit, prête à entrainer son âme dans les abîmes à jamais. Il s'écarta du lit et se dirigea vers la fenêtre et le balcon qui donnait sur les jardins du palais, des étages plus bas. Dans un état de détachement extrême il se hissa sur la large rambarde et se tint là, debout au dessus du vide. Plus rien ne pouvait l'atteindre car il venait de recevoir la plus terrible des souffrances dont il aurait pu être victime. Son univers s'effondrait, plus rien n'avait de sens car son âme était désormais transpercée de part en part. Sa plus grande terreur était devenue réalité, il était temps de mettre un point final à tout cela. Les ténèbres se massaient autour de lui et plutôt que d'attendre qu'elles s'emparent de son âme et la déchirent, il préférait encore y plonger de lui-même, dernier acte d'un combattant qui sait que le combat est perdu d'avance, il s'y jetterait tête la première. Alors il la rejoindrait, car il ne pourrait supporter plus longtemps d'être séparé d'elle.
Seulement il semblerait que d'autres ne partagent pas sa vision et il une voix se fit entendre dans son crâne, une voix qu'il n'avait jamais entendue auparavant. Une nouvelle entité qui semblait avoir les clés de son esprit, une de plus... Alors qu'il allait s'élancer dans le vide, il fut stoppé par ces mots à l'intonation féline. La cité était si belle en cette nuit, si lointaine en contrebas... Le vent si violent à une telle hauteur menaçait de le jeter à bas d'une seconde à l'autre mais il maintenait son équilibre tant bien que mal... Nul vertige, nulle appréhension... Juste une attirance pour le vide qui lui ouvrait les bras, si tentant... Une attirance qui s'estompait à mesure que la voix s'adressait à lui, répétant sans cesse les mêmes paroles, les prononçant d'une telle manière qu'au fur et à mesure se développait une emprise irrésistible sur son esprit. La voix avait d'autres plans pour lui, loin de sa reine et de son champion, loin de la dépouille de sa bien-aimée et de leur enfant, loin de cette cité qui désormais ne représentait que souffrance à ses yeux. Il devait s'affranchir de l'emprise de la Déesse, il devait s'éloigner d'elle et rejoindre la voix qui lui murmurait qu'elle avait le pouvoir de redonner un sens à sa vie, ou du moins d'apporter les réponses à des questions qui le hantaient et le hanteraient encore pour l'éternité s'il ne tournait pas le dos à tout cela. Sa file ne risquait rien car Elle était déjà au courant, Elle ne tenterait pas de le retenir car s'il suivait la voix, Elle serait toujours présente à ses côtés car Elle veille sur les siens. Il n'y avait là nulle trahison, nulle fuite. Car suivre les murmures, c'était prendre un nouveau chemin en communion avec ce qu'Elle voulait et même loin de tout ce qu'il avait connu, il continuerait de servir sa gloire, d'une manière qui lui conviendrait bien mieux. Alors Elle apparu également dans son esprit et approuva les paroles de la voix inconnue et Elle alla même plus loin en lui offrant une image, une vision de sa destination.
Comme hypnotisé, il descendit à l'écurie, choisit un cheval et sans même prendre la peine de le seller et il quitta la cité. Sans un mot, sans un regard en arrière. Le désespoir le guidait et il se raccrochait à lui, son dernier point d'attache avec la réalité... Le désespoir... Un vieil ami qui semble toujours revenir lorsque l'on ne l'attend pas... Par la souffrance il resterait en vie.
Le rêve passa sur les longues heures de galop à travers la plaine, l'amenant directement à la jungle d'Ahb Leras, alors qu'il se séparait de sa monture et s'apprêtait à pénétrer à pied entre ces arbres à l'apparence hostile, à la recherche de cette voix qui poursuivait son appel. Il se revit marcher des heures durant sans connaître la destination, jusqu'à cet instant fatidique. Il pût distinguer à nouveau ces deux yeux félins aussi lumineux que des étoiles, il pût aussi voir le corps qui allait avec, celui d'un jaguar majestueux, à la robe aussi noire que les ténèbres. Alors la chasse s'engagea à nouveau...
Elle avait duré un long moment, le rôle du chasseur et celui de la proie changeant de camp à plusieurs reprises. Désormais tous deux immobiles au milieu des ruines de ce qui semblait avoir été un temple, ils portaient les marques des différents assauts que chacun avait portés à l'autre. Le sang s'écoulait lentement de leurs plaies, diverses contusions marquaient leurs corps. Au milieu des murs effondrés, recouverts de mousse, supports de lianes interminables, les deux opposants s'observaient. Le félin disposait d'un parfait physique de prédateur, tout en muscles et en finesse, un corps sublime, taillé pour la chasse. Et ses deux yeux... Ces deux joyaux d'un bleu transcendant qui fixaient son adversaire, ne montrant aucun signe de pitié, aucun doute, seulement la certitude que l'un des deux ne se relèverait pas. Il serra un peu plus fort la pierre dans sa main, la seule arme qu'il avait pu trouver contre cette incarnation de la puissance sauvage. Sa poitrine le lançait alors que le sang fuyait son corps par les trois cicatrices parallèles qui l'ornait au niveau du coeur. Il n'était pas passé loin de la fin à cet instant. Lui qui quelques heures auparavant s'apprêtait à renoncer à la vie s'y accrochait désormais avec rage et fureur. S'il devait mourir ici, ce serait en guerrier, ce serait en ayant jeté toutes ses forces dans l'affrontement, ne cédant pas un pouce de terrain. Car le désespoir n'est rien face à l'instinct de survie et l'orgueil du chasseur. Car il était redevenu le chasseur...
Suite à un signal invisible, ils se jetèrent l'un sur l'autre sans la moindre hésitation, sachant que le moindre doute entraînerait la fin. Il fût plaqué au sol par la force extraordinaire du félin et les crocs se refermèrent sur sa gorge alors qu'il abattait sa pierre sur l'arrière du crâne de l'animal. De son bras libre, il serra le cou de son adversaire, le maintenant tant bien que mal contre lui, tentant de l'empêcher d'arracher sa gorge d'un mouvement, juste le temps d'abattre à nouveau sa pierre au même endroit, encore et encore, jusqu'à la fin... Le jaguar avait finalement réussi à arracher un partie de sa gorge avant de s'effondrer sur lui. Leur sang se mêla alors qu'ils agonisaient simultanément. La mort étendait sur eux son voile sombre et il l'accueillait avec joie. Mais ce n'était pas la grande ombre qui venait vers lui... Sa vue devenait de plus en plus floue mais il parvint tout de même à distinguer plusieurs silhouettes humaines avant de perdre connaissance.
Tol'Keres... Leur chambre située dans l'aile royale... Au retour d'une promenade nocturne en solitaire sur la plage pour profiter de la plage silencieuse et déserte dans les ténèbres de la nuit il revit la découverte du corps de celle qu'il aime, couché dans les draps maculés de sang, tenant tendrement dans ses bras, serré contre elle, le fruit de leur amour qui venait de voir le jour. Mais quelque chose n'allait pas, il n'y avait qu'une seule respiration provenant de ces deux corps, qu'un seul coeur battant la cadence... Un coeur de nouveau-né... Un frisson parcourut son corps, une sensation douloureuse, un froid de mort qui le traversa de part en part. Il s'approcha de ce corps tant aimé, l'effleura du bout de ses doigts tétanisés par la terreur qui s'amplifie en lui. Son visage était si glacial, sa poitrine normalement si pleine de vie restait immobile... Toute chaleur avait quitté cet être qui était tout pour lui. Puis son attention se porta sur cette nouvelle vie qui venait d'apparaître, sur ce corps si petit, si fragile, contrastant si douloureusement avec le corps sans vie qui le maintenait. Sa main se porta vers elle, sa fille, leur fille, le plus solide des liens qui aurait pu les unir... Mais qui au final venait de causer leur séparation...
Une légère brise pénétra par la fenêtre ouverte et alors il parvint à mettre ses idées au clair, le temps d'un très court instant. Elle serait choyée ici, il le savait. Leur reine ne laisserait pas son héritage disparaître sans rien faire, aussi elle veillerait sans cesse sur cette enfant. Mais pour lui il n'y avait plus qu'une seule issue, un seul moyen d'échapper à la folie qui déjà frappait à la porte de son esprit, prête à entrainer son âme dans les abîmes à jamais. Il s'écarta du lit et se dirigea vers la fenêtre et le balcon qui donnait sur les jardins du palais, des étages plus bas. Dans un état de détachement extrême il se hissa sur la large rambarde et se tint là, debout au dessus du vide. Plus rien ne pouvait l'atteindre car il venait de recevoir la plus terrible des souffrances dont il aurait pu être victime. Son univers s'effondrait, plus rien n'avait de sens car son âme était désormais transpercée de part en part. Sa plus grande terreur était devenue réalité, il était temps de mettre un point final à tout cela. Les ténèbres se massaient autour de lui et plutôt que d'attendre qu'elles s'emparent de son âme et la déchirent, il préférait encore y plonger de lui-même, dernier acte d'un combattant qui sait que le combat est perdu d'avance, il s'y jetterait tête la première. Alors il la rejoindrait, car il ne pourrait supporter plus longtemps d'être séparé d'elle.
Seulement il semblerait que d'autres ne partagent pas sa vision et il une voix se fit entendre dans son crâne, une voix qu'il n'avait jamais entendue auparavant. Une nouvelle entité qui semblait avoir les clés de son esprit, une de plus... Alors qu'il allait s'élancer dans le vide, il fut stoppé par ces mots à l'intonation féline. La cité était si belle en cette nuit, si lointaine en contrebas... Le vent si violent à une telle hauteur menaçait de le jeter à bas d'une seconde à l'autre mais il maintenait son équilibre tant bien que mal... Nul vertige, nulle appréhension... Juste une attirance pour le vide qui lui ouvrait les bras, si tentant... Une attirance qui s'estompait à mesure que la voix s'adressait à lui, répétant sans cesse les mêmes paroles, les prononçant d'une telle manière qu'au fur et à mesure se développait une emprise irrésistible sur son esprit. La voix avait d'autres plans pour lui, loin de sa reine et de son champion, loin de la dépouille de sa bien-aimée et de leur enfant, loin de cette cité qui désormais ne représentait que souffrance à ses yeux. Il devait s'affranchir de l'emprise de la Déesse, il devait s'éloigner d'elle et rejoindre la voix qui lui murmurait qu'elle avait le pouvoir de redonner un sens à sa vie, ou du moins d'apporter les réponses à des questions qui le hantaient et le hanteraient encore pour l'éternité s'il ne tournait pas le dos à tout cela. Sa file ne risquait rien car Elle était déjà au courant, Elle ne tenterait pas de le retenir car s'il suivait la voix, Elle serait toujours présente à ses côtés car Elle veille sur les siens. Il n'y avait là nulle trahison, nulle fuite. Car suivre les murmures, c'était prendre un nouveau chemin en communion avec ce qu'Elle voulait et même loin de tout ce qu'il avait connu, il continuerait de servir sa gloire, d'une manière qui lui conviendrait bien mieux. Alors Elle apparu également dans son esprit et approuva les paroles de la voix inconnue et Elle alla même plus loin en lui offrant une image, une vision de sa destination.
Comme hypnotisé, il descendit à l'écurie, choisit un cheval et sans même prendre la peine de le seller et il quitta la cité. Sans un mot, sans un regard en arrière. Le désespoir le guidait et il se raccrochait à lui, son dernier point d'attache avec la réalité... Le désespoir... Un vieil ami qui semble toujours revenir lorsque l'on ne l'attend pas... Par la souffrance il resterait en vie.
Le rêve passa sur les longues heures de galop à travers la plaine, l'amenant directement à la jungle d'Ahb Leras, alors qu'il se séparait de sa monture et s'apprêtait à pénétrer à pied entre ces arbres à l'apparence hostile, à la recherche de cette voix qui poursuivait son appel. Il se revit marcher des heures durant sans connaître la destination, jusqu'à cet instant fatidique. Il pût distinguer à nouveau ces deux yeux félins aussi lumineux que des étoiles, il pût aussi voir le corps qui allait avec, celui d'un jaguar majestueux, à la robe aussi noire que les ténèbres. Alors la chasse s'engagea à nouveau...
Elle avait duré un long moment, le rôle du chasseur et celui de la proie changeant de camp à plusieurs reprises. Désormais tous deux immobiles au milieu des ruines de ce qui semblait avoir été un temple, ils portaient les marques des différents assauts que chacun avait portés à l'autre. Le sang s'écoulait lentement de leurs plaies, diverses contusions marquaient leurs corps. Au milieu des murs effondrés, recouverts de mousse, supports de lianes interminables, les deux opposants s'observaient. Le félin disposait d'un parfait physique de prédateur, tout en muscles et en finesse, un corps sublime, taillé pour la chasse. Et ses deux yeux... Ces deux joyaux d'un bleu transcendant qui fixaient son adversaire, ne montrant aucun signe de pitié, aucun doute, seulement la certitude que l'un des deux ne se relèverait pas. Il serra un peu plus fort la pierre dans sa main, la seule arme qu'il avait pu trouver contre cette incarnation de la puissance sauvage. Sa poitrine le lançait alors que le sang fuyait son corps par les trois cicatrices parallèles qui l'ornait au niveau du coeur. Il n'était pas passé loin de la fin à cet instant. Lui qui quelques heures auparavant s'apprêtait à renoncer à la vie s'y accrochait désormais avec rage et fureur. S'il devait mourir ici, ce serait en guerrier, ce serait en ayant jeté toutes ses forces dans l'affrontement, ne cédant pas un pouce de terrain. Car le désespoir n'est rien face à l'instinct de survie et l'orgueil du chasseur. Car il était redevenu le chasseur...
Suite à un signal invisible, ils se jetèrent l'un sur l'autre sans la moindre hésitation, sachant que le moindre doute entraînerait la fin. Il fût plaqué au sol par la force extraordinaire du félin et les crocs se refermèrent sur sa gorge alors qu'il abattait sa pierre sur l'arrière du crâne de l'animal. De son bras libre, il serra le cou de son adversaire, le maintenant tant bien que mal contre lui, tentant de l'empêcher d'arracher sa gorge d'un mouvement, juste le temps d'abattre à nouveau sa pierre au même endroit, encore et encore, jusqu'à la fin... Le jaguar avait finalement réussi à arracher un partie de sa gorge avant de s'effondrer sur lui. Leur sang se mêla alors qu'ils agonisaient simultanément. La mort étendait sur eux son voile sombre et il l'accueillait avec joie. Mais ce n'était pas la grande ombre qui venait vers lui... Sa vue devenait de plus en plus floue mais il parvint tout de même à distinguer plusieurs silhouettes humaines avant de perdre connaissance.
Dernière édition par Ackeros le Mar 6 Jan - 6:00, édité 1 fois
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Re: Eveil
Il s'éveille brutalement, en sueur, et se redresse sur sa couche. Le mouvement brusque lui arrache un cri de douleur, la souffrance parcourant son corps, le déchirant aux endroits où auraient dû se trouver les cicatrices laissées par l'affrontement contre le jaguar. Il porte la main à sa gorge et la trouve intacte. Alors il comprend ce que Zer'Kal voulait dire lorsqu'il parlait de soins autres que ceux que peuvent apporter les humains. Lentement il se met debout, ressentant le sang parcourir ses veines. Ne pouvant maintenir l'effort, il se laisse tomber assis sur le lit. C'est ce moment que le shaman choisit pour pénétrer dans la pièce.
De mieux en mieux à ce que je vois, malgré ton sommeil qui m'a semblé loin d'être apaisé...
Il n'essaye même pas de parler, il se contente de regarder le shaman, de l'observer dans son ensemble. L'instinct du chasseur solitaire a repris le dessus et tous peuvent être des proies potentielles. Face à se regard d'acier, Zer'Kal se contente de s'installer à la table, y posant les deux tasses fumantes qu'il tenait.
Tu devrais boire ça, tu te sentiras mieux.
Il se déplace depuis le lit avec précaution, s'attendant à ce que ses jambes ne puissent le soutenir suffisamment. Il parvient malgré tout jusqu'à la chaise libre et commence à essayer de déterminer la nature du liquide fumant dans la tasse par son odorat.
Ne cherche pas, il s'agit de plantes bien spécifiques dont tu ignores la nature et que j'ai fait infuser. Mais ça t'aidera à te remettre d'aplomb.
Alors qu'il boit une première gorgée, une mèche blanche lui tombe devant les yeux. Incertain il l'effleure et se rend compte qu'il s'agit d'une mèche de ses cheveux, aussi blanche que la neige... Son regard s'emplit d'incompréhension et sentant son trouble, son hôte s'empresse de le rassurer.
Il semblerait que l'action de ton sauveur ait apporté quelques modifications à ton apparence. Rien de bien grave je pense.
Il en sait décidément beaucoup, peut être même trop. Aussi le blessé décide de commencer à se méfier de lui, du moins tant que tout n'est pas clair. Soudain une voix s'élève dans la demeure de pierre et une jeune femme apparaît, d'une beauté resplendissante mais à l'air tourmentée, désespérée même. Ce vieil ami n'épargne vraiment personne... De par sa voix, on la sent au bord des larmes, usée jusqu'à sa limite...
Nar'Sha, nous avons besoin de vous, ils viennent de rentrer avec des blessés. Des blessés graves... Et... Il est parmi ceux là. Je vous en supplie Nar'Sha, venez vite...
Elle remarque alors la présence de l'homme à la chevelure blanche et la surprise apparu sur son visage.
Il est enfin éveillé...
Oui, mais nous devons nous presser s'il y a des blessés.
Il se tourne vers son patient.
Reste ici, et évite de trop te déplacer, tu n'as pas encore retrouvé suffisamment de forces.
Pour toute réponse il ne reçoit qu'un regard inquisiteur, une question en suspend que l'ego de Zer'Kal ne pouvait laisser sans explication.
En effet, ici on me nomme Nar'Sha, cela signifie...
Celui qui est revenu des ténèbres.
Incrédule, le shaman se fige. Un sourire mauvais se dessine sur le visage du blessé.
Oui je peux parler. Et je sais effectivement qui tu es, Zer'Kal. Le shaman qui a trop joué avec les cercles infernaux après avoir invoqué la grande Añav'Drun et qui en a payé le prix fort. Tu n'es plus humain, tu n'es qu'un hybride entre homme et démon. Tu as recherché trop de puissance et l'exil fut ta seule issue.
Comment... Ne prononce pas son nom ici, ce n'est pas son territoire! Son nom ne doit pas être prononcé en ces lieux ou alors...
Ou alors quoi shaman? Je suis son envoyé, je suis l'un de ceux qu'Elle a désigné. Tout comme toi. Ne crois pas que je te suis inférieur, range ton ego bien loin de moi car je suis ton égal au moins sur un point. J'en sais certainement autant sur toi que tu en sais sur moi. Ne songe même pas une seule fois essayer de me berner car Elle est à mes côtés, ici comme ailleurs.
Ilsya, retourne auprès des autres et fournis leur les soins que tu pourras, je te rejoins sous peu.
Mais Nar'Sha...
Va!
La jeune femme quitte la pièce en toute hâte, effrayée par les deux hommes qui s'affrontent du regard. Zer'Kal semble perturbé alors que le chasseur fait preuve d'une assurance sans faille.
Oui je sais qui tu es, je sais que tu nous as observé tout comme Elle nous observait. Toujours tu as cherché à savoir ce qu'Elle faisait, toujours tu as cherché à percer ses secrets. Mais Elle est bien plus puissante que toi, tu n'es qu'un insecte face à Elle.
Sois maudit, par les cercles de l'Enfer!
Maudit je le suis déjà depuis bien longtemps et tu le sais, comme tu sais que désormais, plus rien ne pourra m'atteindre jusqu'à ce que la mort n'étende son emprise sur mon âme.
Il se lève brusquement, le dossier de la chaise heurtant le sol.
Vois tu, finalement cette nouvelle apparence me convient bien. La blancheur de mes cheveux offre une magnifique opposition avec l'obscurité de mon âme. Je le remercierais à l'occasion, de même pour les soins qu'il m'a prodigué...
Il?
Allons, tu n'as pas senti l'origine de cette guérison miracle? Tu n'as pas su différencier l'aura de celle que tu as invoquée et celle de celui qui t'autorise à demeurer ici? Car en effet, ce n'est pas Añav'Drun qui a agi, même si je sais qu'elle veillait, mais bel et bien celui que tu crains autant que tu l'admires, Lor'Satk, le démon jaguar.
Sa gorge n'est pas encore totalement guérie et parler lui crée une douleur atroce mais il ne doit pas flancher, il doit garder l'avantage sur le shaman qui reste interdit à l'écoute de ses paroles, il doit savoir...
Je te l'ai dit, je te connais. Je sais que tu peux voir l'avenir, que c'est ainsi que tu as pu nous observer...
En un éclair, il est au contact de Zer'Kal et usant de ses dernières forces, il l'empoigne à la gorge et le plaqua contre le mur, le décollant du sol.
Alors maintenant tu vas répondre ! Pourquoi suis je en vie alors qu'elle m'a quitté? Pourquoi ai-je survécu quand elle a succombé? Pourquoi suis-je forcé de vivre ainsi, privé de la seule lumière qui éclairait mon monde? Pourquoi ces foutus démons refusent ils que je mette fin à mes jours pour pouvoir la rejoindre? Qu'ont ils prévu pour moi qui soit si important qu'elle ait dû mourir et que je souffre de l'avoir perdue?
Il prononce ces mots avec toute la rage qui l'habite, mêlé au désespoir le plus profond qu'il ait jamais connu. Ses ongles plantés dans le cou du shaman commencent à laisser perler quelques gouttes de sang alors que celui-ci essaye de parler.
Je... Je n'en sais rien...
L'étreinte se resserre sur son cou...
Je ne vois que ce qu'Elle me laisse voir... Rien de plus... Elle m'interdit de voir au-delà de votre départ du sanctuaire... J'ignorais même ce qui vous est arrivé durant les mois que vous avez passé à Tol'Keres... J'ai juste été guidé vers l'endroit où tu te trouvais...
Mais la main continue de le plaquer au mur impitoyablement, le sang continuant de couler le long des doigts qui s'enfoncent de plus en plus.
Je te jure que... Je ne sais rien... J'ignorais même que Lor'Satk s'intéressait à toi...
Le chasseur comprend alors que nulle réponse ne lui sera donnée ainsi. Les dieux gardent jalousement leurs secrets et dirigent leurs pions à leur guise. Alors il relâche sa prise et le shaman retrouve la terre ferme. Cette fois le désespoir l'emporte sur la rage, ses bras retombent lourdement le long de son corps et il s'affaisse à genoux sur le sol...
Je dois aller m'occuper des blessés. Si tu veux des réponses par rapport aux actes de Lor'Satk, je te conseille d'aller voir l'Ancien, c'est lui qui est en contact direct avec l'esprit du démon jaguar. Il devrait pouvoir t'aider à obtenir les réponses, si son Dieu est d'humeur à les lui donner.
Le shaman quitte la pièce, laissant seul le chasseur vidé de ses forces, incapable même de se relever... Tout lui a été retiré, il ne lui reste que sa propre vie dont il ne peut même pas disposer comme il l'entend. Ils veulent empêcher sa mort? Très bien. Qu'ils s'acharnent à le maintenir en vie, lui cherchera à en finir, il appellera la mort de tous ses voeux en espérant la rejoindre. Elle qui était tout pour lui, elle que rien ne pourra jamais remplacer... Sa seule raison de vivre lui a été ôtée et on le force à vivre avec ce fardeau. Si c'est ce qu'ils veulent, ils auront intérêt de concentrer leur attention sur lui car plus que jamais il foncera tête baissée... Cette résolution prise, il se laisse aller totalement et laisse enfin couler ses larmes, les accompagnant d'un cri déchirant, un cri provenant de son âme. Un seul mot, un seul nom...
Kerida...
De mieux en mieux à ce que je vois, malgré ton sommeil qui m'a semblé loin d'être apaisé...
Il n'essaye même pas de parler, il se contente de regarder le shaman, de l'observer dans son ensemble. L'instinct du chasseur solitaire a repris le dessus et tous peuvent être des proies potentielles. Face à se regard d'acier, Zer'Kal se contente de s'installer à la table, y posant les deux tasses fumantes qu'il tenait.
Tu devrais boire ça, tu te sentiras mieux.
Il se déplace depuis le lit avec précaution, s'attendant à ce que ses jambes ne puissent le soutenir suffisamment. Il parvient malgré tout jusqu'à la chaise libre et commence à essayer de déterminer la nature du liquide fumant dans la tasse par son odorat.
Ne cherche pas, il s'agit de plantes bien spécifiques dont tu ignores la nature et que j'ai fait infuser. Mais ça t'aidera à te remettre d'aplomb.
Alors qu'il boit une première gorgée, une mèche blanche lui tombe devant les yeux. Incertain il l'effleure et se rend compte qu'il s'agit d'une mèche de ses cheveux, aussi blanche que la neige... Son regard s'emplit d'incompréhension et sentant son trouble, son hôte s'empresse de le rassurer.
Il semblerait que l'action de ton sauveur ait apporté quelques modifications à ton apparence. Rien de bien grave je pense.
Il en sait décidément beaucoup, peut être même trop. Aussi le blessé décide de commencer à se méfier de lui, du moins tant que tout n'est pas clair. Soudain une voix s'élève dans la demeure de pierre et une jeune femme apparaît, d'une beauté resplendissante mais à l'air tourmentée, désespérée même. Ce vieil ami n'épargne vraiment personne... De par sa voix, on la sent au bord des larmes, usée jusqu'à sa limite...
Nar'Sha, nous avons besoin de vous, ils viennent de rentrer avec des blessés. Des blessés graves... Et... Il est parmi ceux là. Je vous en supplie Nar'Sha, venez vite...
Elle remarque alors la présence de l'homme à la chevelure blanche et la surprise apparu sur son visage.
Il est enfin éveillé...
Oui, mais nous devons nous presser s'il y a des blessés.
Il se tourne vers son patient.
Reste ici, et évite de trop te déplacer, tu n'as pas encore retrouvé suffisamment de forces.
Pour toute réponse il ne reçoit qu'un regard inquisiteur, une question en suspend que l'ego de Zer'Kal ne pouvait laisser sans explication.
En effet, ici on me nomme Nar'Sha, cela signifie...
Celui qui est revenu des ténèbres.
Incrédule, le shaman se fige. Un sourire mauvais se dessine sur le visage du blessé.
Oui je peux parler. Et je sais effectivement qui tu es, Zer'Kal. Le shaman qui a trop joué avec les cercles infernaux après avoir invoqué la grande Añav'Drun et qui en a payé le prix fort. Tu n'es plus humain, tu n'es qu'un hybride entre homme et démon. Tu as recherché trop de puissance et l'exil fut ta seule issue.
Comment... Ne prononce pas son nom ici, ce n'est pas son territoire! Son nom ne doit pas être prononcé en ces lieux ou alors...
Ou alors quoi shaman? Je suis son envoyé, je suis l'un de ceux qu'Elle a désigné. Tout comme toi. Ne crois pas que je te suis inférieur, range ton ego bien loin de moi car je suis ton égal au moins sur un point. J'en sais certainement autant sur toi que tu en sais sur moi. Ne songe même pas une seule fois essayer de me berner car Elle est à mes côtés, ici comme ailleurs.
Ilsya, retourne auprès des autres et fournis leur les soins que tu pourras, je te rejoins sous peu.
Mais Nar'Sha...
Va!
La jeune femme quitte la pièce en toute hâte, effrayée par les deux hommes qui s'affrontent du regard. Zer'Kal semble perturbé alors que le chasseur fait preuve d'une assurance sans faille.
Oui je sais qui tu es, je sais que tu nous as observé tout comme Elle nous observait. Toujours tu as cherché à savoir ce qu'Elle faisait, toujours tu as cherché à percer ses secrets. Mais Elle est bien plus puissante que toi, tu n'es qu'un insecte face à Elle.
Sois maudit, par les cercles de l'Enfer!
Maudit je le suis déjà depuis bien longtemps et tu le sais, comme tu sais que désormais, plus rien ne pourra m'atteindre jusqu'à ce que la mort n'étende son emprise sur mon âme.
Il se lève brusquement, le dossier de la chaise heurtant le sol.
Vois tu, finalement cette nouvelle apparence me convient bien. La blancheur de mes cheveux offre une magnifique opposition avec l'obscurité de mon âme. Je le remercierais à l'occasion, de même pour les soins qu'il m'a prodigué...
Il?
Allons, tu n'as pas senti l'origine de cette guérison miracle? Tu n'as pas su différencier l'aura de celle que tu as invoquée et celle de celui qui t'autorise à demeurer ici? Car en effet, ce n'est pas Añav'Drun qui a agi, même si je sais qu'elle veillait, mais bel et bien celui que tu crains autant que tu l'admires, Lor'Satk, le démon jaguar.
Sa gorge n'est pas encore totalement guérie et parler lui crée une douleur atroce mais il ne doit pas flancher, il doit garder l'avantage sur le shaman qui reste interdit à l'écoute de ses paroles, il doit savoir...
Je te l'ai dit, je te connais. Je sais que tu peux voir l'avenir, que c'est ainsi que tu as pu nous observer...
En un éclair, il est au contact de Zer'Kal et usant de ses dernières forces, il l'empoigne à la gorge et le plaqua contre le mur, le décollant du sol.
Alors maintenant tu vas répondre ! Pourquoi suis je en vie alors qu'elle m'a quitté? Pourquoi ai-je survécu quand elle a succombé? Pourquoi suis-je forcé de vivre ainsi, privé de la seule lumière qui éclairait mon monde? Pourquoi ces foutus démons refusent ils que je mette fin à mes jours pour pouvoir la rejoindre? Qu'ont ils prévu pour moi qui soit si important qu'elle ait dû mourir et que je souffre de l'avoir perdue?
Il prononce ces mots avec toute la rage qui l'habite, mêlé au désespoir le plus profond qu'il ait jamais connu. Ses ongles plantés dans le cou du shaman commencent à laisser perler quelques gouttes de sang alors que celui-ci essaye de parler.
Je... Je n'en sais rien...
L'étreinte se resserre sur son cou...
Je ne vois que ce qu'Elle me laisse voir... Rien de plus... Elle m'interdit de voir au-delà de votre départ du sanctuaire... J'ignorais même ce qui vous est arrivé durant les mois que vous avez passé à Tol'Keres... J'ai juste été guidé vers l'endroit où tu te trouvais...
Mais la main continue de le plaquer au mur impitoyablement, le sang continuant de couler le long des doigts qui s'enfoncent de plus en plus.
Je te jure que... Je ne sais rien... J'ignorais même que Lor'Satk s'intéressait à toi...
Le chasseur comprend alors que nulle réponse ne lui sera donnée ainsi. Les dieux gardent jalousement leurs secrets et dirigent leurs pions à leur guise. Alors il relâche sa prise et le shaman retrouve la terre ferme. Cette fois le désespoir l'emporte sur la rage, ses bras retombent lourdement le long de son corps et il s'affaisse à genoux sur le sol...
Je dois aller m'occuper des blessés. Si tu veux des réponses par rapport aux actes de Lor'Satk, je te conseille d'aller voir l'Ancien, c'est lui qui est en contact direct avec l'esprit du démon jaguar. Il devrait pouvoir t'aider à obtenir les réponses, si son Dieu est d'humeur à les lui donner.
Le shaman quitte la pièce, laissant seul le chasseur vidé de ses forces, incapable même de se relever... Tout lui a été retiré, il ne lui reste que sa propre vie dont il ne peut même pas disposer comme il l'entend. Ils veulent empêcher sa mort? Très bien. Qu'ils s'acharnent à le maintenir en vie, lui cherchera à en finir, il appellera la mort de tous ses voeux en espérant la rejoindre. Elle qui était tout pour lui, elle que rien ne pourra jamais remplacer... Sa seule raison de vivre lui a été ôtée et on le force à vivre avec ce fardeau. Si c'est ce qu'ils veulent, ils auront intérêt de concentrer leur attention sur lui car plus que jamais il foncera tête baissée... Cette résolution prise, il se laisse aller totalement et laisse enfin couler ses larmes, les accompagnant d'un cri déchirant, un cri provenant de son âme. Un seul mot, un seul nom...
Kerida...
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