Une visite impromptue
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Une visite impromptue
Invité Sam 19 Juil - 15:16
Elle avait parcouru la forêt de Broquir, esquivant les attaques ennemies, elle avait louvoyé entre les arbres, telle une guivre vorace, s'attendant à chaque instant à être débusquée par l'un de ceux qui étaient partisans du traître... Ses pieds ensanglantés ne la portaient qu'à demi et, clopinant tant bien que mal jusqu'à une source d'eau proche, Gwynhafra risqua sa vie et s'avança dans la clairière découverte.
Personne.
Un petit plan d'eau fraîche lui promettait les délices de l'apaisement pour ses pieds en feu. Relevant ses jupes et les nouant pour ne point les mouiller, la jeune sorcière osa un orteil dans l'onde puis y passa le pied, la jambe... Pour enfin s'assoir sur la berge, laissant la fraîcheur agir. Assise là, ses composants de sorts à l'abri dans les multiples bourses pendues à sa ceinture, les bras en arrière, le visage levé vers le ciel, Gwynhafra interrogeait silencieusement les astres, comme à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. A quoi bon hanter ces terres qui ne lui apportaient que misère et souffrance ? A quoi bon rester parmi eux qui comptaient, certes, sur elle mais auxquels elle ne pouvait donner aucun réconfort ? Son frère avait disparu sans laisser de trace, laissant les rênes à sa jeune fiancée, sa future belle-sœur.
Elle se posait beaucoup trop de questions, elle en avait conscience, mais comment faire autrement alors même que la mort ne lui apportait aucun repos... Ciel qu'Il lui manquait ! Elle aurait voulu le rejoindre dès à présent mais ses assauts incessants, ses attaques suicides, ses raids inconscients la menaient toujours au fossoyeur qui, invariablement, la ramenait à la vie. Aucune pitié dans les cavités obscurs et froides de sa face de crâne, aucune émotion, en réalité, pour ce squelette animé de vie, tel un ankou de légende.
Elle aurait pu défouler sa colère sur lui, celui qui apparaissait de bien différentes façons à chacun, celui surnommé Raymond par ses pairs. En vrai, elle s'y était essayée mais sans bouger un pli de son ample robe, le fossoyeur avait laissé passé le feu magique tel le brouillard dispersé par le vent... Désespérant.
Revenant au temps présent, elle préleva dans sa besace des linges blanc dont elle essuya ses pieds blessés. Elle dû les laver par trois fois avant de retrouver ses linges teintés d'un éclat rosé et non plus de rouge vif. Si elle avait su elle aurait déchiré ses propres robes, de couleur ébène, ces dernières n'auraient pas trop souffert de taches sanguines.
Elle s'enveloppa dans le tissu humide afin de pouvoir reprendre sa marche. Ceci serait sans doute inconfortable mais bien mieux que rien. Elle s'aperçut trop tard qu'elle avait omis d'appliquer un baume insensibilisant. Tant pis. Celui ou celle qui ne marche pas dans la douleur ignorera toujours la place de son propre être au sein du grand Dessin. Elle songea ironiquement que pour marcher dans la douleur, elle allait le faire en effet, et de façon littérale !
Ramassant ses biens, la sorcière lissa ses robes noires et reprit sa route. C'est presque par hasard qu'elle se retrouva, au détour d'un chemin, devant un imposant temple.
Amoureuse des vieilles pierres, folle des architectures réalisées par des artistes et des artisans de talent, Gwynhafra s'arrêta et regarda, médusée, admirative, le bâtiment qui se dressait devant elle, occultant les étoiles du firmament.
Transportée, c'est inconsciemment qu'elle se mit à chanter la beauté de la nuit, la beauté du temple, la plénitude de l'obscurité révélée...
Personne.
Un petit plan d'eau fraîche lui promettait les délices de l'apaisement pour ses pieds en feu. Relevant ses jupes et les nouant pour ne point les mouiller, la jeune sorcière osa un orteil dans l'onde puis y passa le pied, la jambe... Pour enfin s'assoir sur la berge, laissant la fraîcheur agir. Assise là, ses composants de sorts à l'abri dans les multiples bourses pendues à sa ceinture, les bras en arrière, le visage levé vers le ciel, Gwynhafra interrogeait silencieusement les astres, comme à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. A quoi bon hanter ces terres qui ne lui apportaient que misère et souffrance ? A quoi bon rester parmi eux qui comptaient, certes, sur elle mais auxquels elle ne pouvait donner aucun réconfort ? Son frère avait disparu sans laisser de trace, laissant les rênes à sa jeune fiancée, sa future belle-sœur.
Elle se posait beaucoup trop de questions, elle en avait conscience, mais comment faire autrement alors même que la mort ne lui apportait aucun repos... Ciel qu'Il lui manquait ! Elle aurait voulu le rejoindre dès à présent mais ses assauts incessants, ses attaques suicides, ses raids inconscients la menaient toujours au fossoyeur qui, invariablement, la ramenait à la vie. Aucune pitié dans les cavités obscurs et froides de sa face de crâne, aucune émotion, en réalité, pour ce squelette animé de vie, tel un ankou de légende.
Elle aurait pu défouler sa colère sur lui, celui qui apparaissait de bien différentes façons à chacun, celui surnommé Raymond par ses pairs. En vrai, elle s'y était essayée mais sans bouger un pli de son ample robe, le fossoyeur avait laissé passé le feu magique tel le brouillard dispersé par le vent... Désespérant.
Revenant au temps présent, elle préleva dans sa besace des linges blanc dont elle essuya ses pieds blessés. Elle dû les laver par trois fois avant de retrouver ses linges teintés d'un éclat rosé et non plus de rouge vif. Si elle avait su elle aurait déchiré ses propres robes, de couleur ébène, ces dernières n'auraient pas trop souffert de taches sanguines.
Elle s'enveloppa dans le tissu humide afin de pouvoir reprendre sa marche. Ceci serait sans doute inconfortable mais bien mieux que rien. Elle s'aperçut trop tard qu'elle avait omis d'appliquer un baume insensibilisant. Tant pis. Celui ou celle qui ne marche pas dans la douleur ignorera toujours la place de son propre être au sein du grand Dessin. Elle songea ironiquement que pour marcher dans la douleur, elle allait le faire en effet, et de façon littérale !
Ramassant ses biens, la sorcière lissa ses robes noires et reprit sa route. C'est presque par hasard qu'elle se retrouva, au détour d'un chemin, devant un imposant temple.
Amoureuse des vieilles pierres, folle des architectures réalisées par des artistes et des artisans de talent, Gwynhafra s'arrêta et regarda, médusée, admirative, le bâtiment qui se dressait devant elle, occultant les étoiles du firmament.
Transportée, c'est inconsciemment qu'elle se mit à chanter la beauté de la nuit, la beauté du temple, la plénitude de l'obscurité révélée...
Invité- Invité
Re: Une visite impromptue
Invité Dim 20 Juil - 14:29
Un chant retentit dans les allées du temple, me sortant de ma contemplation nocturne, doucement je me retirai de ses bras pour rechercher la source de ce son, les murs du temple lui donnant milles échos et rendant la tâche d'autant plus ardue. Mais machinalement, je me dirigeai vers l'arcade effondrée, pensant à une âme égarée et imaginant déjà la pauvre brebis rejoindre les squelettes calcinés... Cheveux noires, longue robe noire... Cela ne pouvait être qu'elle, que j'avais parfois croisé au manoir des Vindicatrices... Gwynhafra... Elle n'aura rien à craindre de moi.
Cachée derrière une colonne, je marqua un temps d'arrêt avant d'aller la sortir de ce son chant... Le guerrier-chat m'avait suivi, mais il avait emporté ce secret avec lui, personne ne pouvait savoir ce que j'étais devenue, je sortais peu d'ici, par crainte de subir les assauts de mon ancienne déesse... Sans nul doute, elle ne pouvait qu'être là par hasard...
J'avançai entre les colonnes, au milieu de l'arcade, et lança malgré moi sur un ton froid :
« Bonsoir Gwynhafra.
...
Quels vents t'amènent par ici ? »
Cachée derrière une colonne, je marqua un temps d'arrêt avant d'aller la sortir de ce son chant... Le guerrier-chat m'avait suivi, mais il avait emporté ce secret avec lui, personne ne pouvait savoir ce que j'étais devenue, je sortais peu d'ici, par crainte de subir les assauts de mon ancienne déesse... Sans nul doute, elle ne pouvait qu'être là par hasard...
J'avançai entre les colonnes, au milieu de l'arcade, et lança malgré moi sur un ton froid :
« Bonsoir Gwynhafra.
...
Quels vents t'amènent par ici ? »
Invité- Invité
Re: Une visite impromptue
Invité Dim 20 Juil - 23:52
Les paroles moururent sur ses lèvres tandis qu'une silhouette se détachait de l'ombre d'un pilier et se dirigeait vers elle. Fille de la nuit, Gwynhafra eut pourtant du mal à reconnaitre de prime abord celle qui s'avançait ainsi depuis l'obscurité. Elle reconnut enfin Niniel, l'elfe digne et tourmentée du Cartel. Esquissant d'abord l'ombre d'un sourire, son visage se figea pourtant lorsque Niniel lui adressa la parole sur un ton froid.
Le monde sembla sursauter, telle la roue d'un charriot heurtant un caillou et la magicienne se sentit soudain en décalage. Elle semblait déceler comme un étouffement, une oppression dans l'air ambiant... Les arbres alentour parurent plus sombres, si cela était encore possible... Avait-elle enfreint quelque règle secrète en s'aventurant parmi les sombres forêts entourant Nedmor ?
C'était à n'y rien comprendre et, c'est sans s'en rendre compte que la sorcière prit sur elle de rester droite et fière, elle sentait qu'il se jouait ici quelque chose de bien plus important qu'une simple rencontre au clair de lune... Lune ? Claire ?... Gwynhafra leva le visage vers les étoiles mais les nuages les cachaient par instant à sa vue. Plissant les yeux, elle se demanda à nouveau quel hasard funeste avait voulu la jeter sur les chemins... Elle tenta de passer son poids d'une jambe sur l'autre, ménageant la douleur.
Revenant à Niniel qui attendait une réponse, elle répondit alors, d'une voix neutre et sans inflexion :
"A la vérité, Niniel, je laissais mes pas me guider de ci de là... Et sur qui je tombe... Je suis heureuse de te voir, Niniel, cela faisait bien longtemps... J'aurais voulu pouvoir discuter plus à loisir avec toi mais l'occasion ne s'est jamais vraiment présentée en vérité."
La sorcière soupira.
"J'ai le sentiment que le temps est un ogre avide qui me retire tout... Y compris la compagnie de mes semblables même si, moi même, je ne fais rien pour aller dans ce sens lorsqu'on y songe bien... Excuse moi si mes propos te paraissent déliés, je suis fatiguée, très fatiguée."
Un voile obscur balaya son regard et le vide l'habita tandis qu'elle faisait face à l'elfe.
Le monde sembla sursauter, telle la roue d'un charriot heurtant un caillou et la magicienne se sentit soudain en décalage. Elle semblait déceler comme un étouffement, une oppression dans l'air ambiant... Les arbres alentour parurent plus sombres, si cela était encore possible... Avait-elle enfreint quelque règle secrète en s'aventurant parmi les sombres forêts entourant Nedmor ?
C'était à n'y rien comprendre et, c'est sans s'en rendre compte que la sorcière prit sur elle de rester droite et fière, elle sentait qu'il se jouait ici quelque chose de bien plus important qu'une simple rencontre au clair de lune... Lune ? Claire ?... Gwynhafra leva le visage vers les étoiles mais les nuages les cachaient par instant à sa vue. Plissant les yeux, elle se demanda à nouveau quel hasard funeste avait voulu la jeter sur les chemins... Elle tenta de passer son poids d'une jambe sur l'autre, ménageant la douleur.
Revenant à Niniel qui attendait une réponse, elle répondit alors, d'une voix neutre et sans inflexion :
"A la vérité, Niniel, je laissais mes pas me guider de ci de là... Et sur qui je tombe... Je suis heureuse de te voir, Niniel, cela faisait bien longtemps... J'aurais voulu pouvoir discuter plus à loisir avec toi mais l'occasion ne s'est jamais vraiment présentée en vérité."
La sorcière soupira.
"J'ai le sentiment que le temps est un ogre avide qui me retire tout... Y compris la compagnie de mes semblables même si, moi même, je ne fais rien pour aller dans ce sens lorsqu'on y songe bien... Excuse moi si mes propos te paraissent déliés, je suis fatiguée, très fatiguée."
Un voile obscur balaya son regard et le vide l'habita tandis qu'elle faisait face à l'elfe.
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